Intégrer l'académique et l'appliqué
À mon retour de Californie, j’ai du affronter deux défis majeurs en accomplissant mes tâches de professeur universitaire :
– intégrer la psychologie communautaire et la psychologie clinique ; cet aspect est discuté dans le CV raconté : « Mes livres : le clinique – communautaire. »-
- intégrer la psychologie appliquée à la psychologie académique
Intégrer l’appliqué à l’académique
La psychologie a toujours éprouvé des difficultés à faire l’intégration entre les aspects académiques et les aspects pratiques de la discipline. Lorsque l’on étudie l’histoire du développement de la psychologie en Amérique du nord, on réalise que la psychologie était une discipline académique au départ et que c’est suite aux demandes de la population que la psychologie est devenue appliquée (cf texte « Une profession schyzophrène).
Le schisme, qui a toujours caractérisé la profession, se vit de façon particulière à l’université qui est la représentante de l’aspect académique ; les professeurs sont en majorité des chercheurs et des théoriciens. Mais j’avais obtenu mon doctorat à la première des écoles professionnelles qui avaient été fondées pour répondre aux demandes répétées des psychologues cliniciens qui se plaignaient de devoir subir une formation en psychologie expérimentale, alors qu’ils se destinaient à la pratique de la psychothérapie. L’enseignement procuré à l’université préparait surtout les étudiants à devenir des académiciens et des chercheurs, mais la formation était insuffisante pour les étudiants qui aspiraient à devenir psychologue clinicien. Au California School la journée était consacréeà la pratique supervisée de la psychothérapie (field placement) et les élèves devaient suivre une psychothérapie personnelle. Tous les professeurs devaient maintenir une pratique clinique, la plupart n’avaient pas de permanence, car ils étaient recrutés pour un cours à causede leur expertise pratique dans le domaine. Sans en être complètement conscient à cette époque, je participais à une aventure qui était en train de transformer la psychologie américaine.
Il y avait la possibilité entre l’obtention d’un Ph. D. ou d’un Psy. D. (considéré comme mineur par les académiciens). J’ai obtenu un Ph. D., accrédité par l’APA, qui a fait une évaluation systématique de toutes les thèses de doctorat ; 58 des 73 thèses de doctorat ont été refusées, je faisais partie de ceux dont la thèse a été acceptée.
C’était à cause à de la grande qualité de ma formation clinique que le directeur de l'École de Psychologie s'était déplacé à Los Angeles pour venir me recruter. À cette époque la psychologie appliquée, ou clinique, occupait une place importante à l’Université Laval. Lorsque j'ai commencé à enseigner je me suis inspiré de l'expérience au California School, je considérais normal de conserver le contact avec le monde de la pratique extérieure afin de nourrir mes cours. Mais à mesure que les années ont passé, la psychologie académique est devenue prédominante, car l’École de psychologie de l’Université Laval devait se mettre au diapason des autres universités nord - américaines. Ce qui a eu comme effet de provoquer un tiraillement de plus en plus grand entre l’univers académique et mes activités de praticien et de formateur; j’aurais souhaité que les deux formes d’activités soient intégrées naturellement comme c’est le cas pour les autres professions appliquées.
Co – habitation difficile
Au début, la co habitation entre le monde académique et le monde appliqué a donné lieu à des situations parfois cocasses. Ainsi, en même temps que je commençais ma carrière de professeur universitaire, j’avais une petite pratique privée à temps partiel. Je suivais en psychothérapie des psychotiques, comme me l’avaient enseigné mes superviseurs à Cedars Sinai, mais aucun psychologue n’avait ce type de pratique à Québec.
Un de mes clients, en proie à de vives hallucinations, et en état d’agitation, s’est présenté à l’École de psychologie en mon absence, créant le chaos. On m’appelle en urgence et, lorsque j’arrive, je vois quelques têtes qui sortent des portes pour vérifier si c’était sécuritaire de s’aventurer hors des bureaux. Je me croyais dans un film western après un combat de tir au revolver. Je contiens et rassure mon patient et sors avec lui, le tenant par la main, pour le reconduire à son domicile.
Une dame entrait à l’École de psychologie et frappait aux portes des professeurs de psychologie ; lorsque ceux-ci lui demandaient ce qu’elle voulait elle leur répondait invariablement, avec un ton très agressif « Tu devrais le savoir, c’est toi qui m’a commandé de venir te voir ! », elle faisait référence à des ordres transmis télépathiquement à distance. Après un certain temps, ce manège a conduit plusieurs académiciens peu familiers avec le monde du délire à se cacher dans leur bureau et refuser de répondre. Elle se rendait alors au secrétariat et tenait des discours incohérents qui faisaient peur car elle mentionnait qu’elle avait un couteau dans sa bourse. Des collègues m’ont demandé alors d’intervenir, ce que j’ai fait. Mais après un certain temps, j’ai cherché à qui d’autre je pourrais la passer car mes conversations avec elle nuisaient à mon travail, surtout qu’elle arrivait à l’improviste, sans s’annoncer. Mais je ne voulais pas répéter le réflexe dit « De la patate chaude », qui m’était très familier, c'est-à-dire de lancer la patate à une autre personne pour ne pas se brûler les mains. J’ai donc mis en place un système d’entraide avec certains collègues et quelques secrétaires qui se sentaient à l’aise d’intervenir ; le problème s’est dissipé graduellement et elle a cessé de venir.
J’ai par la suite trouvé le moyen de créer des ponts entre le monde académique et le monde de la pratique sur le terrain en impliquant mes étudiants dans mes projets.
La mission du professeur universitaire est de :
- développer des connaissances : sa capacité de développer les connaissances est évaluée par le nombre et le montant des subventions obtenues pour conduire des recherches
- diffuser les connaissances par l’enseignement : il a une charge de cours à assumer à chaque semestre
- diffuser les connaissances par les publications : sa compétence est mesurée par le nombre d’articles publiés dites « à jury » c’est – à - dire que l’article doit subir une évaluation critique par trois personnes avant d’être accepté pour publication.
Subventions de recherche
Le type de recherches subventionnées, que j’ai privilégiées, visaient à développer des connaissances appliquées, j’ai surtout conduit des projets démonstration qu’on appelle en anglais « Program design ». Ils ont comme objectif d’expérimenter un programme afin d’amasser des connaissances appliquées et construire des hypothèses pour créer un programme de services ou une méthode d’intervention. Ces projets sont comme des aventures parce qu’on ne sait pas à l’avance comment ils vont se dérouler, des objectifs serventde point de départ et le reste se construit au fur et à mesure. Il nous faut faire une analyse très détaillée du processus et du déroulement afin de bien évaluer les obstacles et comment les affronter et aussi comprendre les conditions facilitantes et non facilitantes pour aider ceux qui voudraient mettre sur pied un programme analogue. Il s’agissait d’un type de recherche – action, objet de ma thèse de doctorat, qui était très près de mes préoccupations de praticien mais marginal par rapport à la recherche de type expérimental dont l’objectif est de tester et vérifier une hypothèse.
Le premier projet – démonstration m’a amené à quitter le champ de la santé mentale pour m’impliquer en périnatalité, en collaboration avec une infirmière. L’objectif principal était de modifier la pratique infirmière en périnatalité de telle sorte que les infirmières aient recours à l’aide naturelle dans leurs interventions (cf « Carrière ratée ? ».
Les connaissances appliquées qui ont été créées lors de ce projet ont pris la forme d’échelles d’évaluation du réseau social des personnes (famille, famille étendue, amis, connaissances, voisins etc) et de méthodes d’intervention auprès du réseau social non seulement en périnatalité, mais aussi pour les personnes âgées et autres problématiques. Elles seront être diffusées autant dans mes cours que dans mes formations avec des praticiens.
Le deuxième projet – démonstration, décrit en détail dans la chronique « Le Projet », avait comme objectif d’impliquer les citoyens d’un quartier dans la réinsertion sociale des malades mentaux. Ce projet aura une influence déterminante sur ma carrière ; il consacrera ma spécialité dans l’approche milieu ou les services de proximité, c’est à dire des services qui sont prêts des citoyens.
Peu de temps après le début de ce projet - démonstration, un autre projet démonstration sera initié en appliquant les stratégies de l’approche milieu auprès de toutes les clientèles d’un CLSC. Nous avons opéré un renversement total de la structure de services, en remplaçant les équipes – programme par des équipes – milieu ; c’est – à - dire que les usagers recevaient des services selon leur lieu de résidence plutôt que sur la base de leur âge ou du type de problématique. C’était là une transformation révolutionnaire, qui sera répétée dans un autre CLSC qui poussera l’expérimentation encore plus loin. Ces expériences sont racontées dans la chronique « Approche milieu » et définies dans le texte « Services de proximité ».
Les connaissances appliquées qui ont été créées dans ces projets ont été largement utilisées auprès de CLSC qui souhaitant développer cette approche, car l’analyse détaillée du processus de déroulement de ces projets a permis d’identifier les obstacles et difficultés de même que les conditions facilitantes. Plus tard, ces connaissances ont été transposées dans des programmes de suivi communautaire en Chaudières Appalaches, en Montérégie et en Lombardie en Italie. Mes cours et stages universitaires ont été principalement enrichis par ces connaissances.
Enseignement
L’enseignement n’est pas l’activité la plus prisée des universitaires ce sont les activités de recherche qui sont les plus valorisées. J’aimais enseigner et mes étudiants appréciaient beaucoup que mes contenus de cours fassent le pont avec mes activités extérieures de catalyseur de projets et de formateur.
Pendant quelques années, après mon retour de Californie, j’ai mis sur pied un cours qui exposait les étudiants à de courtes séances de psychothérapie, d’une durée d’une fin de semaine, selon diverses approches (Gestalt, Bio énergie, psycho drame etc…)
Dans le cadre du cours Stages de maitrise j’ai impliqué les étudiants comme participants actifs dans mes divers projets ; ils ont contribué à la mise sur pied et à l’animation des activités de l’Atelier et de la Chaumine, qui étaient des lieux de rencontre pour malades mentaux. J’ai donné un coup de mains à un étudiant adulte, qui venait de graduer, lorsqu’il a fondé Coupe – circuit, une clinique populaire de quartier et plusieurs étudiants s’y sont impliqués. Ces projets sont présentés dans la chronique « Carrière ratée ? ». Ils ont pu vivre l’expérience, parfois déstabilisante, du contact avec des personnes psychotiques dans la communauté, surtout que cette expérience se déroulait dans la communauté hors du milieu hospitalier. lls ont aussi été des participants actifs dans mon projet démonstration « Parrainage social et entraide de quartier »
Voici une anecdote amusante à ce sujet :
Un lieu de rencontre avait été ouvert, dans le cadre du projet « Parrainage social et entraide de quartier », des itinérants le fréquentaient. Des étudiantes y sont venues y faire des entrevues dans le cadre du cours « Recherche dirigée ». C’était la session d’été au cours de laquelle les étudiantes pouvaient s’initier aux activités de recherche. Il faisait chaud et elles étaient en shorts ; lorsqu’elles sont entrées tout s’est immobilisé dans le local et le silence était tellement assourdissant que les intervenants sont sortis de leur bureau pour venir voir ce qui se passait. Je n’avais pas réalisé l’impact qu’aurait la présence de jeunes femmes dans la vingtaine sur des hommes. Mais l’atmosphère s’est graduellement détendue, les uns se sont rapprochés des autres. Les étudiantes ont pris des rendez - vous pour faire leurs entrevues ; les itinérants se sont montrés très étonnés qu’elles consignent tout ce qu’elles font dans un petit livre ; c’était le choc entre la sous culture de l’agenda et celle de la rue.
Deux étudiantes ont aussi été impliquées comme participantes actives dans l’animation de groupes pour hommes violents ( cf chronique « Conjoints violents »), pour leur stage de maitrise.
Quant aux activités de recherche qu’elles devaient également faire pour leur maitrise, elles ont participé comme chercheures aux projets de périnatalité (Guay, Lepage et Desrosiers 1987) et d’approche milieu au CLSC St Pamphile ( Desbois 1992) au CLSC Pays d’en haut (Bélanger 1994) et du CLSC des Etchemins ( Royer 1996). En ce qui concerne les essais de maitrise plusieurs organismes communautaires ont pu bénéficier des connaissances académiques, car je demandais aux élèves que leur mémoire de maîtrise (revue de littérature ou petite recherche) serve à une association. Ils devaient contacter une association et s’entendre sur le type de connaissances qui leur seraient utiles ; il était très valorisant pour les étudiants de savoir que leurs travaux seraient utilisés.
J’ai réussi à créer une brèche dans la frontière entre le monde académique et le monde appliqué en répondant aux demandes des étudiants qui se plaignaient d’avoir le nez dans les livres durant leurs études de baccalauréat ; ils avaient très hâte de parvenir au moment de leur stage de maîtrise pour pouvoir enfin faire de la pratique. Afin de compenser pour l’absence d’activités pratiques pour les étudiants, j’ai mis sur pied un cours intitulé « Travaux pratiques ». J’ai mis à profit la connaissance que j’avais du milieu communautaire pour bâtir une banque d’organismes et d’associations où les étudiants pouvaient faire de l’intervention de façon bénévole. Ce cours, qui ne comportait ni lecture, ni examen, ni travaux théoriques, consistait essentiellement à faire une journée de bénévolat dans des organismes comme les centres de crise, les maisons d’hébergement pour femmes violentées, les programmes de suivi communautaire etc … Inutile de dire que ce cours a été très populaire, mais il a été difficile de faire accepter un cours qui ne comportait aucune évaluation.
J’ai donné le cours « Psychologie communautaire » au cours duquel les équipes d’étudiants devaient procéder à une analyse complète d’un quartier, autant quantitative que qualitative. Le protocole très détaillé et exhaustif d’analyse était sensiblement le même que celui utilisé par les équipes d’intervenants dans les CLSC qui voulaient installer des services de proximité selon la perspective de l’approche milieu (CF annexe du texte « Services de proximité ».
J’ai aussi animé un séminaire de maîtrise sur les interventions de réseau qui avaient été développées lors de mes divers projets. Puis, lorsque j’ai quitté la psychologie communautaire pour retourner à la psychologie clinique, j’ai donné un cours de maitrise sur « Les psychothérapies ».
Enfin j’ai construit et donne un nouveau cours « Introduction à la psychologie appliquée » Ce cours s’adressait à un grand groupe et j’ai dit aux étudiants que l’exposé magistral, comme méthode de diffusion des connaissances, était plutôt ancien, remontant à Socrate ; j’ai créé d’autres façons comme la discussion de groupe après visionnement d’un vidéo.
L’étudiant utilitaire
C'est au niveau des études graduées ( maitrise et doctorat) que s'effectuent surtout les véritables apprentissages au niveau universitaire, soit dans dans le cadre d'un projet de recherche ou d'un stage clinique supervisé. Au stade des études pré graduées les étudiants sont soumis à la pression d’obtenir des notes très élevées afin de pouvoir être admis aux études graduées. ; ce qui a comme effet que le plaisir d’apprendre et la curiosité sont remplacées par l’obsession de la note à obtenir.
L’étudiant est habité par une grande crainte, celle de ne pas obtenir une moyenne suffisamment élevée pour être admis à la maîtrise. Les étudiants utilitaires qui réussissent le mieux ont développé deux habiletés spécifiques. La première habileté est celle de faire des travaux et de passer des examens, quelle que soit la matière enseignée. Cette habileté transcende le contenu spécifique qui est l’objet d’apprentissage. Je me souviens avoir lu une expérience qui mettait en évidence que les étudiants, qui avaient développé cette habileté de passer des examens ou faire des travaux, pouvaient réussir des examens dans n’importe laquelle matière ; par exemple un étudiant en sociologie pouvait réussir un examen en chimie organique de niveau gradué.
La deuxième habileté consiste à pouvoir décoder les critères de correction qui seront utilisés par le professeur. L’étudiant utilitaire, en écoutant les exposés ou en lisant les notes de cours, ne se centre pas sur leur contenu explicite mais essaie de deviner comment le professeur va corriger.
Une étudiante avait développé cette habileté à un tel niveau d'excellence qu'il lui suffisait d'assister à un seul cours, le premier, pour décoder comment le professeur pensait, les livres qu'il privilégiait, comment il corrigerait etc. Elle n'avait aucun intérêt au contenu de la matière enseignée mais elle savait très bien comment faire pour obtenir des bonnes notes. Le seul cours qui l'a vraiment intéressée ( la communication chez l'animal et l'humain) elle l'a suivi comme auditrice libre, c'est à dire sans passer les examens ou faire les travaux. Elle m'avait exprimé à quel point ce cours la passionnait; pour elle le plaisir d'apprendre était incompatible avec le fait d'être évaluée pour l'obtention d'une note.
Les étudiants demandent sans arrêt "Est - ce que ça va être à l'examen ? " et ils nous tiennent rancune lorsque l'examen est trop difficile.
Une année j’ai été convoqué par le directeur parce que les étudiants avaient fait une évaluation très négative d’un de mes cours. L’année suivante je suis convoqué à nouveau, cette fois pour recevoir les félicitations du directeur, car l’évaluation avait été très positive. Il m’a demandé comment j’avais réussi à améliorer mon enseignement à ce point. Je lui ai répondu que je n’avais rien changé dans mon enseignement ; j’avais simplement déplacé la date de l’évaluation des étudiants. Je l’avais placée avant l’examen alors que l’année précédente, elle avait eu lieu après l’examen ; l’évaluation négative exprimant leur mécontentement face à la difficulté de l’examen.
Cette attitude contraste d’ailleurs avec celles des étudiantes adultes, prénommées les « ma tantes » par les jeunes, qui sont très motivées et intéressées. Elles s’assoient en avant de la salle et posent beaucoup de questions ce qui a le don d’exaspérer les étudiants plus jeunes. J’ai dû parfois arbitrer des conflits de génération entre les deux groupes d’âge ; par exemple lorsqu’il y a de travaux d’équipe, les étudiants utilitaires savent en tirer profit en se joignant à des équipes constituées de « ma tantes «, sachant que celles - ci feront la majeure partie du travail.
Le mode d’apprentissage qui est trop souvent favorisé ne sollicite qu’une toute petite partie des capacités cognitives des étudiants, soit la mémorisation. Lorsqu’en plus, les professeurs prennent la mauvaise habitude de répéter année après année leur contenu de cours, les étudiants utilitaires adoptent des comportements qui passent de l’emprunt des notes de cours de l’année précédente, au copier – coller, sans oublier le plagiat qui est devenu une véritable industrie.
Publications
La méthode privilégiée par les académiciens pour la publication sont les articles publiés dans des revues dites « à jury », ils ont beaucoup de valeur, car des collègues ont critiqué l’article avant qu’il soit accepté pour publication. On peut regretter cependant que le système dérape parfois et que l’évaluation par les pairs prenne parfois la forme de l’élimination de la concurrence à cause de la petite taille du Québec. En effet la règle de l’anonymat ne réussit pas à prémunir du fait que les chercheurs se connaissent tous.
En ce qui me concerne j’ai publié peu d’articles dans revues à jury mais plutôt dans des livres et des cahiers de formation car les praticiens, et les étudiants qui allaient le devenir, étaient mes interlocuteurs privilégiés.
La méthode scientifique
À défaut d’avoir été un producteur de nombreuses recherches, j’ai été un grand consommateur de celles – ci, quelques une de ces recherches, lorsqu’elles m’apprenaient quelque chose de nouveau, ont profondément influencé ma pratique. J’ai beaucoup apprécié la méthode scientifique qu’apporte l’académisme, laquelle se traduit par une façon systématique et rigoureuse d’aborder les problèmes. Les valeurs transportées par la science forgent ma façon de voir le monde et je me laisse parfois transporter par le souhait qu’elle se répande à d’autres champs de la société. En fait, je suis un fan de la science et la méthode scientifique fait partie de mes valeurs profondes comme façon d’appréhender la réalité.
Faire de la recherche c’est accorder la préséance à la méthodologie, car l’importance des résultats obtenus dépend entièrement de la façon dont ils ont été obtenus. Mais un trop grand accent mis sur la méthodologie peut parfois occulter la pertinence des études.
Un chercheur étudiait la permanence de l'objet chez le chat; c'est - à - dire vérifiait si l'objet, qui a été caché, continuait d'exister dans l'esprit du chat. La méthodologie était très rigoureuse afin de s'assurer qu'aucun indice, si subtil soit - il était donné aux chats.
J'avais taquiné des étudiantes qui étaient ses assistantes de laboratoire en leur disant "Ma blonde fait demander à quoi ça sert d'étudier cela ? Quand mon chat veut du lait, il se met le nez sur le frigidaire ".
Les étudiantes avaient du mal à justifier la pertinence de la recherche, sauf pour dire que l'étude permettait de savoir à quel âge le chat avait acquis la permanence de l'objet.
L’esprit critique fait partie intégrante de la méthode scientifique, le psychologue pratique une profession qui est constamment soumise à l’évaluation. Chacune de ses productions (article, livre, demande de subvention) est soumise à l’évaluation critique de ses collègues, ce qui empêche de baser son savoir sur des systèmes de croyances arbitraires.
Le psychologue clinicien transporte avec lui cette façon scientifique de procéder, même lorsqu'il pratique la psychothérapie, et c'est ce qui caractérise et distingue la profession des autres professions analogues.
Guay, J., Lepage, L., Desrosiers, M., (1987) L'écologie sociale des parents potentiellement à risque", rapport de recherche CQRS.,
Desbois, M. (1992) "Les réseaux de support social de personnes âgées du village de St-Marcel" Thèse de maitrise en psychologie Ecole de Psychologie, Université Laval
Bélanger, K. (1994). Un aidant naturel, son intervention auprès d'adolescents en difficulté . Essai de maîtrise, Ecole de Psychologie, Université Laval. Bélanger, Kathleen. (1994). Un aidant naturel, son intervention auprès d'adolescents en difficulté Essai de maîtrise, Ecole de Psychologie, Université Laval.
Royer, I. (1996) Evaluation du processus d'intervention d'une pratique proactiveauprès de jeunes et de leur famille qui recoivent des services du CLSS; rapport de recherche. CLSC des Etchemins.
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