En Italie

 

J'ai donné des sessions de formation en Suisse et en Italie lors des pauses et des vacances dans mes activités de professeur universitaire. Mes séjours dans ces deux pays étaient très courts, une ou deux semaines par année ; mes journées étaient très remplies et ne laissaient pas beaucoup de temps pour le tourisme. En Suisse je donnais des cours dans le cadre de l'Améthyste, une boite de formation , fondée et dirigée par Christiane Besson. C'est une travailleuse sociale, spécialiste de l'intervention de réseau, avec qui j'ai écrit un livre. Le contenu de mes sessions a été très varié, il témoignait de mes intérêts du moment. J'ai  traité des approches communautaires au début, puis des sujets comme la violence conjugale, le suivi communautaire, l'entraide etc.. 

Mme Besson m'a présenté à Lia Sanicola, travailleuse italienne qui m'a invité à collaborer avec elle.

Mes séjours en Italie ont connu deux phases : lors la première phase j’ai donné de la formation aux travailleurs sociaux et participé à quelques recherches, sur le thème de l’intervention de réseaux et de l’entraide. Dans la deuxième phase j’ai formé les case managers des équipes de psychiatrie de la région de la Lombardie.

Université de Parme

J’avais été invité en Italie, pour la première fois en 1994, pour donner une conférence au Congrès International sur les réseaux sociaux et l'intervention professionnelle, à Salsomaggiore. J’avais donné cette conférence en français avec traduction simultanée et, à la fin j’ai dit à l’auditoire que la prochaine fois je leur parlerais dans leur langue. J’ai tenu promesse et ai appris l’italien, en suivant des cours et en lisant des livres sur l’intervention professionnelle. Le vocabulaire propre à chaque discipline est assez réduit, de telle sorte que mon apprentissage a été assez rapide. 

L’organisatrice du congrès était une travailleuse sociale qui a eu une grande influence sur le développement du travail social en Italie, particulièrement en ce qui concerne l’intervention de réseaux; elle a édité ou rédigé de nombreux livres ( plus de dix livres en moins de dix ans ; voir la bibliographie Lia Sanicola).

Elle était très intéressée par mes travaux sur le sujet et j’ai été invité à chaque année par la suite; j'ai donné des cours à ses étudiantes à l'Université de Parme, j'ai participé à des recherches sur les réseaux sociaux et donné de la formation dans de nombreuses régions de l'Italie. Ce qui m’a frappé dans le domaine du travail social italien, c’est la préséance accordée aux académiciens par rapport aux praticiens. Par exemple, à l’Université de Parme les postes de professeurs, pour le service social, sont occupés par des sociologues. On imagine sans peine le grand étonnement de ma collègue et amie travailleuse sociale, que j’avais invitée au Québec, lorsqu’elle a su que la doyenne de la Faculté des Sciences sociales était une travailleuse sociale et femme par surcroît. J’ai un ami sociologue qui a écrit un livre sur le don qui a été traduit en plusieurs langues, dont l’italien, et je lui disais en le taquinant que son statut serait rehaussé aussitôt qu’il mettait les pieds en Italie où il avait été invité pour donner des conférences.

J’ai assisté à des colloques, qui ciblaient spécifiquement les praticiens afin de les guider dans leur pratique, dont le contenu m’apparaissait très théorique. Je me demandais comment les intervenants arrivaient à faire la transposition entre ces concepts et leurs interventions. Par contraste, ici en Amérique ce sont les intervenants terrains qui sont valorisés et il est clair que notre coté très pragmatique, centré sur le comment faire, exerce une grande attraction sur les européens. Par contre, ce qui frappait les intervenants italiens, c’est à quel point l’entraide s’actualise de façon très formalisée en Amérique, ils étaient très étonnés du grand nombre de groupes d’entraide mis sur pied pour répondre à peu près tous les types de besoins. En Italie, surtout dans le sud, l’entraide se vit de façon informelle; elle est intégrée naturellement dans les rapports quotidiens.

Mes premières sessions de formation étaient plutôt ardues, au niveau de la langue car je répondais aux questions en français dans ma tête avant de traduire ma réponse en italien. Mais à mesure que je gagnais de l'expérience ça devenait plus facile je me familiarisais avec les accents propres à chaque région où je suis allé.

Caltanisseta

Caltanissetta est située dans le cœur de la Sicile, j’ai été immédiatement repéré comme étranger, et mon accent suscitait beaucoup de méfiance car on me prenait pour un albanais. Se faire traiter d’albanais était une insulte car les italiens ont beaucoup d’agressivité envers les personnes émigrées de l’Albanie très impliquées dans des activités criminelles. Cette méfiance disparaissait aussitôt que je m’identifiais comme canadien.

Lors de ma promenade en soirée, mon regard avait été attiré par une affiche fixée sur la porte de l’église.   Sur cette affiche on parlait beaucoup de pardon en faisant référence à un assassinat. Les travailleurs sociaux, en session de formation avec moi, m’ont expliqué que le curé de la paroisse avait été tué par un jeune toxicomane qu’il avait beaucoup aidé.  Le message de pardon visait à calmer la colère de la population. Ce jeune homme avait été suivi brièvement par un des travailleurs sociaux.

Palermo

À l'arrivée à Palerme j'ai eu un premier choc en quittant l'aéroport, le conducteur de l'autobus a sciemment ignoré le feu rouge; ce qui semble être une habitude assez répandue chez les parlemitains qui ont une relation spciale avec l'automobile. Le lendemain, à l'heure du petit déjeuner, j'ai été témoin d'un rituel assez particulier. Les gens se stationnent non pas en double mais en triple, ce qui bloque complètement un des deux sens de la rue; mais les autmobilistes ne semblent pas s'en offusquer, ils roulent dans la voie réservée au sens contraire, comme si c'était la chose naturelle à faire. À chaque restaurant, quelqu'un se tient près de la porte et prévient les clients lorsque les policiers approchent, ce qui donne le signal pour que tous sortent et déplacent leur voiture pour revenir les restationner exactement ou elles étaient, une fois les policiers partis. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que les policiers connaissaient très bien ce rituel, mais avaient une sorte de connivence avec les gens de Palerme.

Lors de mes promenades, dans la ville, j'ai constaté que près de la moitié des voitures étaient bosselées. J'avais lu un roman, policier, dont l'action se déroulait à Palerme, où l'auteur disait qu'il fallait une fois dans sa vie vivre l'expérience d'être conduit en voiture à Palerme. J'ai vécu l'expérience, c'est absolument terrifiant, ma conjointe et moi n'étions pas sûrs de s'en sortir vivants. Une amie, pourtant de nature calme et réservée, est devenue déchainée lorsqu'elle nous a reconduits à la gare d'autobus; à rebours dans les sens uniques, à reculons, la pédale au fond. Devant notre air terrorisé, elle s'est à peine excusée, expliquant que c'était la façon de conduire à Palerme.

Il reste que Palerme est une ville magnifique, c'est une ville de contrastes, des palais fabuleux cotoient des masures. "Quinze siècles d'histoire", cette phrase me résonne dans la tête alors que j'arpente les rues de Kalsa, le vieux quartier de Palerme. Je me dis que nos quatre siècles d'histoire ne pèsent pas très lourd, en comparaison. Il y a une église gothique dans la Kalsa, dont la construction n'a jamais été terminée; il y manque le toit et on y donne des concerts. J'ai conservé un souvenir impérissable d'un concert, où une amie m'avait invité, le contemporain cotoyait l'antiquité. C'était irréel d'entendre un pianiste jazz américain, Ahmad Jamal, jouer dans ce lieu mythique; j'avais impressionné mon amie par ma grande connaissance de toutes les mélodies.

Les habitants de Palerme ont honte d’être associés à la mafia et aimeraient bien changer cette image négative, comme j’ai pu le constater lors de mes conversations avec eux. Mon amie et collègue, native de Palerme, m’avait indiqué le nom d’une trattoria, fréquentée par les résidents de Palerme. Tout en consultant le menu avec l’aide du serveur, je lui ai posé quelques questions sur la mafia; tous les gens du restaurant ont répondu, de telle sorte que j’ai eu droit à un cours complet sur le phénomène de la mafia. On m’a expliqué que la mafia traditionnelle, avec son code d’honneur, n’existait plus mais avait été remplacée par la criminalité organisée comme ailleurs dans le monde. Il faut comprendre que les clans familiaux de ces insulaires, avaient remplacé en quelque sorte le gouvernement et qu’on entretenait une grande méfiance envers les inspecteurs et les juges venus du continent. Il y avait une sorte de connivence du silence, contre ces étrangers venus d’Italie, qui rendait très difficile la lutte contre la mafia. La situation s’est renversée suite à l’assassinat du Juge Falcone, né et élevé dans un quartier de Palerme; il était un des leurs. Ils ont eu l’occasion d’injurier un des meurtriers, avec la complicité des policiers, sous l’appartement de Falcone où il y a un arbre ( l’albero di Falcone) remplis de petits papiers qui lui rendent hommage.

Les gens ont commencé à se révolter contre la mafia et pour la première fois ont exprimé ouvertement leur désaccord, comme l’illustre la déclaration du maire de Corleone, dans le journal du quartier Monte Pellegrino. Il a vivement dénoncé les touristes, amenés en autobus, qui viennent photographier la route qui a été la scène d’un assassinat popularisé dans un film américain. On le voit, en première page, entourés de jeunes qui s’impliquent dans des œuvres sociales ; il était très déterminé à changer l’image de sa ville.

Mais la mafia était encore très présente, même si sa domination sur la vie des habitants de Palerme commençait à diminuer. C’est ce que m’ont confié  les travailleurs sociaux qui ont exprimé leur sentiment d’impuissance dans leur lutte d’influence perdue d’avance ; comment pouvait - on demander à des adolescents de résister aux milliers de lires que leur offrait la mafia pour transporter de la drogue 

J'ai participé, comme co -chercheur, à une recherche sur les réseaux sociaux du quartier Borgonovo et aussi à une recherche qui analysé les réseaux sociaux des jeunes délinquants pris en charge par la Giustizia minorile. 

Rencontre de groupe dans les bureaux de la Giustizia minorile à Monte Pellegrino

 Les travailleurs sociaux, auprès de qui je suis intervenu, m' ont exprimé leur sentiment d’impuissance dans leur lutte d’influence perdue d’avance face à une mafia était encore très présente, même si sa domination sur la vie des habitants de Palerme commençait à diminuer. Comment pouvait - on demander à des adolescents de résister aux milliers de lires que leur offrait la mafia pour transporter de la drogue ?

Étant donné que mon contenu de formation était centré sur l’aide informelle de quartier ; les gestionnaires du département de la Giustizia minorile, étaient fiers  de me montrer que leur édifice était situé en plein dans le quartier de Monte Pellegrino à Palerme. Lorsque je leur ai demandé  pourquoi la clôture de fer était si haute (douze pieds) ; ils m’ont répondu que c’était pour empêcher les vols trop fréquents.   Ayant constaté que, malgré la proximité géographique, il n’y avaient pratiquement pas de contacts avec la communauté locale, j’ai suggéré que la dernière session de formation soit une rencontre avec la communauté.  Nous étions une cinquantaine et la « communauté » était représentée par quatre dames qui étaient animatrices d’un regroupement de quarante familles catholiques qui faisaient des rencontres de prières. J’ai senti une grande fébrilité chez les intervenants sociaux qui avaient peine à croire à leur chance : quelle belle banque de ressources potentielles ! Ils ont demandé aux dames si ces familles accepteraient de devenir familles d’acceuil  pour leurs adolescents. Elles ont donné une réponse positive et plusieurs se sont empressés de sortir leur carnet pour prendre leurs coordonnées. J’avoue avoir été très choqué par leur attitude très utilitariste, comme des prédateurs fondant sur leur proie.  Après avoir expliqué que tout rapport humain est un rapport d’échange, j’ai demandé aux dames ce qu’elles désiraient obtenir en retour. Elles ont répondu qu’elles aimeraient avoir des cours sur la délinquance juvénile. J’ai été renversé de constater à quel point personne ne parvenait à répondre à leur demande ; tous, après avoir consulté leur agenda, disaient que ce serait difficile. Puis un  jeune psychologue a accepté disant qu’il le ferait comme bénévole en soirée. A la fin de cette séance un peu mouvementée, la gestionnaire en chef m’a comparé à un cow boy américain, qui tire avant de parler.

Seveso

Je suis allé plusieurs fois à Seveso, en Lombardie, qui avait vécu une terrible catastrophe écologique en 1976. Une usine de produits chimiques avait laissé échapper un nuage toxique qui avait tué plusieurs animaux, forçant l’évacuation de villages entiers et affectant la santé de plusieurs enfants. J’étais l’invité d’une coopérative : « Nature » qui vivait  dans le « Parco verde » et en assurait la gestion en échange de quoi la commune de Seveso leur avait cédé plusieurs maisons ; il en avaient transformé une en résidence d’acceuil pour jeunes en difficulté. J’aimais beaucoup leur style de vie marginal et je me sentais en affinité avec leurs idées très avant – gardistes. Le contenu de formation que je leur apportais reflétait mes intérêts du moment, réseaux sociaux, entraide de quartier, suivi communautaire, interventions familiales. Suite à nos échanges ils avaient transformé le petit bar en une sorte de clinique informelle en santé mentale « La Petitosa »; les résidents de la ville savaient qu’ils pouvaient venir se confier  et recevoir une écoute empathique et du soutien.

Lors d’un de mes séjours, ils avaient organisé,  avec la commune de Seveso, une conférence, ouverte à tous, sur les parents d’enfants handiccappés. La salle était pleine, le maire était présent de même que ses deux assessori (  sortes de ministres municipaux) ; il faut savoir que c’est au maire que revient, en Italie, la responsabilité de donner accès aux résidences d’acceuil pour enfants handicappés.   Les parents ont pu en profiter pour exprimer leurs frustrations et leurs revendications, devant les autorités concernées  à la fin de ma conférence. J’ai même dû faire la médiation entre des parents d’un enfant lourdement handicappé et l’assessore. Le père, dont l’enfant avait des tumeurs au cerveau qui le faisaient beaucoup souffrir, m’avait confié qu’il avait envie de se jeter en bas de son balcon avec son enfant dans les bras. En plus des soins et de la surveillance qu’exigeait l’enfant, celui – ci réveillait les voisins par ses cris la nuit.  Les parents réclamaient le remboursement des coûts de taxi pour leurs consultations à Milan. Les parents consultaient une infirmière qui avait trouvé une façon de diminuer les douleurs de l’enfant. Je pouvais comprendre la réaction de l’assessore qui trouvait exorbitant le prix du taxi pour une intervention qui ne guérissait pas l'enfant , mais ne faisait qu’apporter un peu de soulagement. Mais j’ai du expliquer que l’enfant était ingérable dans les transports publics et que le désespoir du père était tel qu’il avait sérieusement envisagé de s’enlever la vie . Même si l’intervention de l‘infirmière ne faisait que rendre leur situation était un peu moins pire, c’était énorme pour soulager la détresse et le désespoir des parents.

Les quartieri spagnoli à Naples

Naples n’a pas bonne réputation, même pour les italiens. Lorsque nous sommes descendus du train, une napolitaine nous a conseillés de porter notre sac à dos sur le ventre plutôt que sur le dos. Il y a bien sûr la criminalité exercée par la Camorra, mais il y aussi la petite délinquance, comme si ça faisait partie de la culture de cette ville. On doit constamment être sur ses gardes, par exemple lorsque nous avons voulu visiter Pompei, le conducteur d’autobus nous a laissés une station trop loin, malgré mes protestations. Et, par le plus grand des hasards, un taxi nous y attendait.

L’universitaire qui m’avait invité à donner de la formation aux intervenants sociaux, avait écrit un livre qui résumait la recherche qu’elle avait faite sur Naples. Elle me disait que les habitants de Naples n’aiment pas leurs ville mais qu’ils étaient très attachés à leur quartier.

J’aimais répéter aux napolitains la phrase que disaient les touristes du 19ème siècle qui faisaient le grand tour d’Italie « Maintenant que j’ai vu Naples, je peux mourir ». Ils me répondaient qu’au contraire on se mettait à vivre lorsqu’on quittait Naples.    

Parmi les nombreux quartiers, il y a les fameux quartieri spagnoli, où aucun touriste n’ose s’aventurer dans ces quartiers ; « La prudence s’impose «  dit le guide touristique. Tout le monde se  connaît dans ces quartiers et l’étranger est immédiatement repéré, on n’aura aucun scrupule à le voler, mais jamais on va s’attaquer à un résident du quartier.  Lorsque j’ai donné une formation à des intervenants sociaux de Naples, j’ai exprimé le désir d’aller dans un des quartieri spagnoli, j’ai fait exprès de mettre un chapeau de style d‘Indiana Jones. Ils se sont écriés, me traitant de fou car je me mettrais en danger. Mais une des intervenantes m’a offert de m’accompagner, disant qu’elle connaissait très bien une leader naturelle d’un des quartieri spagnoli. J’avais atteint mon objectif de formation, je savais par expérience qu’il y a toujours quelqu’un dans chaque groupe qui a expérimenté ce que j’enseigne. Elle m’a aidé à poursuivre la formation en discutant des façons d’entrer en contact avec ces personnes.

Lombardie - Québec

J’ai été frappé par les différences, entre la pratique des psychiatres d’ici et ceux que j’ai connus en Italie. Pour eux, la pharmacothérapie n’est pas un acte médical posé en isolation mais est intimement intégré dans la démarche de psychothérapie. Leur approche phénoménologique les amène à accueillir inconditionnellement les délires et hallucinations dans la première étape du traitement ; ils n’hésitent pas non plus à favoriser l’expression émotive, alors que chez nous  on cherche à l’atténuer. En conséquence, comme j’ai pu le constater, le patient, se sentant écouté et acceuilli, est porté à prêter attention au psychiatre, lorsque celui – ci lui parle de maladie mentale.

"La façon dont le malade exprime les symptômes  nous dit comment il voudrait être soigné, nous indique la voie à suivre."

"La façon dont le malade exprime les symptômes  nous dit comment il voudrait être soigné, nous indique la voie à suivre."

De plus, celui qui les avait formés (Zappalori) avait une approche très phénoménologique qui me faisait renouer avec la formation que j’avais reçue à Los Angeles. L’approche de traitement, dans laquelle j’avais été formé, avait été acceuillie avec scepticisme par mes collègues psychiatres et psychologues du Québec; comme le fait de faire le traitement de psychotiques en bureau privé. Lorsque le docteur Zapparoli m’avait informé que sa clientèle de bureau privé était constituée de psychotiques, je m’étais senti profondément validé. D’ailleurs, dans sa bibliothèque où nous discutions, je retrouvais des livres écrits par ceux qui avaient été mes formateurs.

 Comme plusieurs nord américains, j’avais été impressionné par la réforme italienne et très inspiré par les écrits de Basaglia. Lors de mes premiers séjours en Italie, je n’arrivais pas à contacter des équipes qui avaient mis cette réforme en pratique. Les quelques équipes que je rencontrais m’apparaissaient plutôt traditionnelles jusqu’à ce que je connaisse mes collègues et amis italiens. C’est à travers le réseau amical, et non pas le réseau professionnel, que j’ai connu des psychiatres italiens Ils m’ont expliqué que beaucoup de psychiatres avaient rejeté la réforme initiée par Basaglia à Trieste et en ont boycotté la mise en application.

Mes collègues et amis, psychiatres italiens, ont voulu relancer la réforme de Basaglia dans la région de Lombardie et je les ai invités au Québec. 

Ils ont été favorablement impressionnés par les projets que j’avais développés ; ils ont même écrit une petite plaquette qui compare la psychiatrie du Québec et de la Lombardie. Je me suis senti profondément gratifié et honoré lorsqu’ils m’ont demandé de venir former leurs case managers dans la région de Lombardie ; j’ai pu y diffuser mon modèle de suivi avec la communauté qui s’appuie sur l’entraide informelle de voisinage.

Lors de leur dernier séjour, les docteurs Cerati et Percudani ont visité les organismes suivants : Le Tournant, le Goéland et quelques organismes de l'ouest de l'ile de Montreal, dont le Centre de crise. Ils ont eu des informations sur le programme "Pairs aidants" et le programme Gestion autonome des médicaments. Ils ont été fascinés par le dynamisme du communautaire et surpris des tensions avec les services publics. Ils se sont montrés particulièrement intéressés par notre modèle de Centres de crise et par la place qu'occupent nos groupes d'entraide pour les patients et leurs proches. Une de leurs interrogations était : « Pourquoi avez vous professionnalisé le communautaire ?

En Italie les communautaire est constitué de bénévoles sans formation. Ils se sont interrogés sur l'agenda de l'État qui maintient deux systèmes parallèles. Ils ont été étonnés de l'absence de supervision médicale dans certains organismes qu'ils visités. Ils comprenaient mal la fragmentation des diverses composantes de notre système de santé car, en Italie tout est intégré. Soit dit en passant, la durée d'attente pour recevoir des services en psychiatrie est très courte. Ils se sont posé des questions sur le niveau de complémentarité entre le traitement psychiatrique et le suivi communautaire.

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 Bibliographie de Lia Sanicola

 Sanicola, L. (1990) "'Il Bambino nelle rete" Jaca Book : Milano

 Sanicola, L. (1994) "L'intervento di rete" Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.   (1995) "Reti sociali e intervento professionale"  Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.   (1996) " Itinerari nel servizio sociale" Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.   (1997) "La salute mentale e il servizio sociale "  Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.   (1999) "Nascere sieropositivi "  Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.    (2002) "Metodologia di rete nelle Giustizia minorile " Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.    (2002) "Il dono della famiglia" Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.    (2003) "La dimora ritrovata" Liguori Editore : Napoli

Sanicola, L.   (2009) "Dinamiche di rete e lavoro sociale"  Liguori Editore : Napoli

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Ma bibliographie italienne

Livre

Guay (2000) "Il case management comunitario" Liguori Napoli

Chapitres que j'ai écrits dans les livres éditées par Lia Sanicola

(1995) Guay, J. « I sistemi informali di aiuto reciproco di vicinato » (Sanicola, L. ) Reti sociali e intervento sociale Liguori Napoli

(1997) Guay, J. « Il modello di case management comunitario » in (Sanicola, L. ) La salute mentale e il servizio sociale. Liguori Napoli

(2002) Guay, J. Il quartiere, in (Sanicola, L. Piscitelli, D. Mastropasqua, I.) Metodologia di rete nella Giustizia Minorile, Liguori Editore, Napoli,

Chapitre écrit dans le livre édité par Giorgio Cerati

(2013) Guay, J. « Il case management communitario » Introduzione dans (Cerati, G.) « Il case manager nei Dipartimenti di Salute Mentale della Regione Lombardia » McGrawHill

Articles

Guay, J. (1995) L'aiutoaiuto, un rimedio all'affanno dei servizi pubblici. Animazione Sociale, aprile, Vol. no 25, 15-26 

Guay, J. (1996) "Dal lavoro sul caso al lavoro sull'ambiente di vita" Animazione Sociale, aprile, Vol. no 26, 73-86