THÉRAPIE DE FAMILLE

 

 

J’ai pratiqué la psychothérapie à domicile, surtout la thérapie familiale, à titre de formateur – intervenant. Il s’agit d’une expérience assez particulière car le psychothérapeute doit quitter le confort de son territoire, c’est - à - dire, son bureau, pour aller sur le territoire de l’autre.

Le cadre thérapeutique en intervention à domicile

Le bureau est un élément très important de notre société, ne plus recevoir les clients dans cet oasis d’intimité, que constituent les quatre murs du bureau, peut être très inconfortable pour le professionnel.

L’intervention familiale, à domicile, doit s’insérer dans la vie quotidienne car elle vient interrompreles autres activités de la maison.

Le moment le plus intéressant survient lorsqu’est venu le temps d’installer l’activité plus formelle de l’entrevue, au travers des activités quotidiennes de la famille ; c’est comme si une sorte de bureau virtuel sans murs se formait. Pour ma part, j’ai toujours laissé les parents créer cet espace au sein du va et vient parfois un peu chaotique; car l’entrevue signifie l’interruption de toutes les autres activités : par exemple éteindre la TV qui est allumée, cesser d’aller au frigidaire pour se servir à manger, ne plus répondre aux appels téléphoniques interrompre les textos, empêcher les enfants d’aller jouer avec leurs amis malgré leurs protestations etc

Mais on ne peut pas toujours contrôler les intrusions qui provient de l'extérieur. Quelques souvenirs me reviennent en tête à propos d’entrevues faites dans des petits villages dans l’arrière pays de la Côte du sud. Par exemple, une entrevue interrompue par la voix tonitruante d’un homme qui demande, à travers la porte – moustiquaire : « Est - ce que vous prenez vous vos  cordes de bois cet hiver madame ? ». En d’autres occasions, alors que nous sommes dans le vif du sujet, l’ami de l’adolescent peut entrer dans la maison à l’improviste, ou son groupe d’amis peuvent envahir la maison. Une fois j’ai dû attendre que madame prépare le dîner à la famille avec de la viande encore congelée et des pelures de pommes de terre qui s’accumulaient sur le comptoir avec l’eau qui dégoulinait sur le plancher.

Je me souviens d’une entrevue où la voisine était entrée sans frapper et avait tout bonnement participé à l’entrevue en donnant son opinion de façon assez catégorique. Elle m’avait donné un sacré de coup de mains dans mes tentatives pour aider une cliente à se défaire de l’emprise psychologique de son ex mari qui continuait à la harceler. Me référant à mon expérience avec les conjoints violents, je lui expliquais que ceux – ci peuvent perdre toute leur assurance lorsqu’ils sont confrontés à une femme sûre d’elle et qui s’affirme. ‘Il a raison lui !’ a-t-elle dit en citant sa propre expérience avec son ex conjoint.

Mieux connaitre leur milieu de vie

J’aimais beaucoup faire les entrevues à domicile, à chaque fois que c’était possible et pertinent, car ça me permettait d’entrer dans l’univers des gens et d'avoir accès à leur monde privé, ce qui m’aidait à mieux comprendre la réalité de leur vie. Je m’intéressais aux préoccupations des gens dans leur vie quotidienne, ce qui facilitait souvent l’établissement d’un lien de confiance, qui était difficile à établir. 

Dans un projet de formation, où je faisais une entrevue conjointe  à domicile avec une infirmière , j’avais été frappé par le fait que toute l'attention de celle - ci se portait exclusivement sur la prise de médicaments de la dame. Il faut dire que l’investigation représentait tout un défi car la dame avait plusieurs contenants de médicaments, entreposés dans desendroits différents, et qu’elle apportait au fur et à mesure que l’infirmière posait des questions. Elle expliquait qu’elle changeait ses médicaments de contenants, choisissant ceux qui lui étaient plus faciles à ouvrir à cause de son arthrite ; de telle sorte qu’il était difficile d’identifier le type de médicaments qu’elle prenait. Même si je comprenais, avec compassion, que l’infirmière devait s’acquitter de cette difficile tâche, il me semblait que les facteurs environnementaux étaient encore plus importants pour bien comprendre la situation. Il s’agissait d’une maison, située dans un rang isolé, dont la propreté laissait à désirer ; pourtant l’infirmière m’avait spécifié que le ménage avait été fait avant notre arrivée. Tout le long de l’entrevue, son fils adulte était demeuré assis sur son lit avec la tête dans les mains sans bouger ; une ampoule allumée pendait au bout du fil électrique ; l’infirmière m’avait expliqué qu’il était diagnostiqué schizophrène mais. En réponse aux questions que j’ai posées à la dame,  j’ai compris qu’il était à la fois un poteau de vieillesse utile, car il faisait l’épicerie, mais aussi une charge lourde pour elle surtout lorsqu’il délirait.

Notre entrevue a été interrompue par le caquètement d’une poule qui est passée rapidement. Devant mon air étonné la dame m’a expliqué que c’était sa perdrix qui dormait toutes les nuits sur un oreiller à coté d’elle. Quand je lui ai demandé ce qui lui arriverait si elle perdait sa perdrix, elle a exprimé, en termes à peine voilés,  des intentions suicidaires J’ai dû  du mette en place un plan d’interventions pour assurer sa sécurité et un suivi approprié pour son fils. La voisine d’en face, qui donnait un coup de mains de temps à autres, a accepté de s’impliquer.

Il m'arrivait souvent d'avoir des échanges informels avant de débuter l'entrevue surtout avec les hommes. Par exemple je discutais de la « finition » des armoires de cuisine que l’homme avait construites de ses mains

Je trouve très important de faire un brin de causette avec les gens et de m’intéresser à leurs hobbies et loisirs. Je me souviens encore du sourire empreint de mépris, avec lequel m’avait accueilli un jeune homme, que je devais rencontrer avec sa mère. Dans son milieu, où la force physique et le travail manuel étaient valorisés, je représentais un modèle d’homme très peu viril, puisque mon métier c’était de parler avec des femmes dans leur cuisine. C’est seulement, après avoir eu une conversation de gars, avec lui que j’ai pu gagner sa confiance afin qu’il vienne s’asseoir avec nous pour l’entrevue. J’avais aperçu un vieux  muscle car  par la porte entrouverte du hangar. Je lui ai demandé «  Est- que c’est un plymouth ’59 avec le 440 hémi ? » Très surpris par mon niveau de connaissances, il m’avait répondu par l’affirmative et nous avions discuté un bon moment des performances de la voiture, ce qui avait taxé la patience de  l’intervenante qui m’accompagnait.

Parler de char est souvent un excellent moyen d’entrer en contact avec les hommes socialement marginalisés et très méfiants face à l’intervenant. Ainsi, avant d'entrer dans une maison, j’avais remarqué à un vieux Buick, des années '50, dont le toit avait été endommagé à cause du poids de la neige qui avait fait céder la couverture du hangar où il était entreposé. J’avais exprimé mon admiration au père qui avait minutieusement restauré l’automobile car, pour moi la restauration de ce véhicule équivalait à peindre un chef d’œuvre à la Van Gogh. Il s’agissait d’une famille très marginalisée, dont les gens se moquaient ; on traitait le père de guenille car il se montrait incapable de mettre des règles à ses fils tous entraînés dans la délinquance. Le fait de se sentir reconnu et estimé par moi a ouvert une porte afin que je puisse continuer à renforcer son estime de lui – même.

Dans la plupart des situations, ces familles étaient ou bien prises en charge dans le cadre de la loi sur la protection de la jeunesse, ou bien marginalisées et peu à l’aise de fréquenter les services publics. Donc, le fait d’accueillir le professionnel chez soi, même si c’était parfois à contrecoeur (dans le cas des familles suivies en protection de la jeunesse) changeait l’équilibre de la dynamique du pouvoir car le professionnel devait s’adapter aux contraintes d’un environnement qui n’était pas le sien; il n’était pas chez lui, il était admis chez eux.

Le professionnel n’a pas d’autre choix que de s’accommoder au milieu de vie des familles, dont plusieurs sont pauvres et n’ont pas les mêmes critères de propreté et de salubrité auxquels il est habitué. De voir l’environnement physique des familles nous apprend beaucoup sur leurs conditions de vie.

J’ai souvenir d’une entrevue, effectuée auprès d’une famille très marginalisée, avec une sous culture de délinquance. La maison était recouverte de papier goudron noir, avecle traditionnel banc de voiture défoncé sur la gallerie et la carcasse rouillée du skidoo sur le parterre; plusieurs des objets que je pouvais voir dans la maison avaient une provenance douteuse. Avant que l’entrevue commence, je me suis beaucoup intéressé à la conversation entre l’adolescent et son grand frère. Il était très fier d’expliquer comment il avait réussi à installer le moteur plus puissant d’un skidoo plus gros sur un skidoo plus petit. Il décrivait en détail comment il avait agrandi les trous pour pouvoir le ‘bolter’ dessus; il avait hâte de conduire le skidoo devenu plus rapide. Lors de l’entrevue, j’ai pu m’appuyer sur l’ascendant du frère plus vieux sur le frère plus jeune afin d’empêcher qu’il ne s’engage dans une carrière criminelle.

Lors d’une entrevue conjointe faite chez un jeune homme, souffrant de problèmes sévères en santé mentale. Nous avions dû traverser la chambre des fournaises, puis se plier en deux pour passer en dessous du gros tuyau d’eau chaude pour arriver à sa chambre, où le lit prenait toute la place de telle sorte qu’il était impossible de s’asseoir. Les propriétaires de la maison avait dû user de trésors d’imagination pour réussir à créer une chambre dans cet espace, afin d’en retirer des revenus.

Il m’est arrivé de faire une entrevue dans une maison de colonie, encore habitée alors que les autres avaient été abandonnées dans le rang, l’homme à la fin de l’entrevue m’avait expliqué que ses châssis lui avaient coûté cher. Pourtant il avait été muet jusque là, il ne répondait aux questions que je lui adressais, se tournant vers sa femme, pour qu’elle réponde à sa place.

Des familles agressives

Une mère, prise en charge par la protection de la jeunesse était souvent très agressive lors des entrevues au Centre jeunesse et je m’étais rendu compte que plus elle était stressée plus elle était agressive. Lors d’une entrevue à domicile, le fait que nous soyons sur son territoire l’a rendue plus détendue.  J’ai posé des questions sur les odeurs nauséabondes qui montaient du sous sol ; elle m’a expliqué qu‘il y avaient des problèmes avec le système d’égouts de la ville. Je suis descendu avec elle pour examiner la situation et je lui donné quelques conseils quant aux démarches à entreprendre auprès de la municipalité. 

 Certaines familles acceptent mal notre intrusion dans leur univers, elles peuvent essayer de nous intimider ou de nous rendre la situation inconfortable, surtout lorsque nous avons l’obligation de dénoncer les comportements d’abus, de maltraitance ou de négligence.

Il m’est arrivé de me faire menacer par un chien qu’on voulait lâcher sur moi, ou encore par un jeune délinquant qui faisait tourner son couteau sur la table, en me regardant d’un air menaçant. Le recours à l’humour, dans ces occasions, peut nous aider à nous sortir de fâcheuses situations. Parfois les parents, pourtant peu portés sur la discipline en temps ordinaire, vont réprimander leurs enfants afin qu’ils soient ‘gentils avec la visite’; ce dont je vais me servir lors de l’entrevue pour renforcer leur autorité souvent défaillante.

Dans une autre situation, les comportements de deux "monstres" (vols, vandalisme, pyromanie, bagarres etc..)  les avaient placés devant un avis d'éviction de la maison d'appartements et une menace d'expulsion de l'école. Lorsque je suis arrivé à l'appartement, les deux petits "monstres" ont tout de suite dit qu'ils refusaient de participer à l'entrevue, parce-qu'ils avaient autre chose de plus intéressant à faire. Après avoir vanté ses très grandes capacités d'endurance, je m'étais gentiment moqué de la mère, lui disant qu'elle méritait le titre de sainte et martyre, étant donné qu'elle était prête à tout supporter de la part de ses petits monstres. Je l'ai mis au défi de réussir à les retenir et elle s'est mise à courir après eux pour qu'ils reviennent se rasseoir à la table; je lui ai alors fait la remarque qu'ils la faisaient courir de la même façon qu'on fait courir un chat avec une boulle de papier. Je lui ai rendu la situation tellement intolérable qu'elle a réussi à s'affirmer de façon plus catégorique face à eux. Les deux garcons sont revenus s'asseoir à la table à la fois parce-qu'ils sentaient la force de caractère de leur mère et parce-qu'ils étaient très curieux de voir la suite des évènements avec ce thérapeute aux méthodes amusantes et peu orthodoxes.

Les rencontres sont parfois très émouvantes. Une jeune homme, avait été hébergé en centre jeunesse à cause de son impulsivité qui l’avait mis dans de mauvais draps. Victime d’un traumatisme crânien en bas âge, le jeune homme éprouvait des difficultés à contrôler ses émotions et avait un léger retard mental. Il avait la mauvaise habitude de vouloir imiter son grand frère membre d’un gang de rue ce qui lui avait valu d’être hébergé en centre jeunesse.

J’avais été profondément touché par cette famille, dont les parents étaient originaires des Caraïbes et qui vivaient dans un logement délabré dans un quartier pauvre. Les deux plus jeunes enfants de la famille, habillés très proprement faisaient sagement leurs devoirs. Puis est entrée une grande jeune fille qui, après m’avoir salué, s’est dirigée vers sa chambre.  La mère m’a dit avec beaucoup de fierté « Elle va devenir un docteur » , et j’ai senti que ses parents étaient prêts à tout sacrifier pour que leurs enfants réussissent dans la nouvelle société. 

Les situations d'aliénation parentale créent des défis importants, la haine est tellement intense qu'il est souvent impossible de rencontrer les conjoints ensemble. Il  en est de même pour les enfants, que nous devons rencontrer en l'absence des parents, afin de leur épargner les impacts négatifs de la colère entre leurs parents et les protéger contre le danger de se faire utiliser par un parent contre l'autre. Ainsi lors d’une série de rencontres, tenues en parallèle avec chaque parent seul, nous avions comparé leurs conflits avec le conflit israélo-palestinien, en parlant de l’étape de démonisation de l’ennemi. Cette démonisation du (de la) conjoint (e) crée un aveuglement qui les rend insensible aux sévices subis par les victimes civiles, c’est-à-dire leurs enfants. Nous avions présenté clairement notre position qui était de défendre et présenter le point de vue des civils (leurs enfants). Quant aux enfants nous les avions aidés à exprimer comment ils vivaient l’expérience d’avoir deux parents qui se détestent et les conflits de loyauté que cela leur créait. Puis nous leur avons demandé de nous donner les messages qu’ils voulaient que nous transmettions à leurs parents. Lors de la rencontre des parents ensemble, nous avons dû installer des règles très strictes quant aux façons de communiquer ; interdisant entre autres les blâmes et les accusations.  Ensuite nous leur avons transmis les messages de leurs enfants, sous forme d’écrits ou de dessins. Lors des rencontres familiales, dont le père s’était désisté, nous avons pu reprendre et instaurer un style de communication où tout le monde pouvait s’écouter et s’accueillir.

Thérapie de famille au Centre jeunesse Laval

Une des expériences les plus marquantes de ma carrière a eu lieu avec un groupe de psychologues du Centre Jeunesse Laval. Un collègue avait développé un nouveau projet d’évaluations familiales, pour remplacer les évaluations et les psychothérapies individuelles d’enfants, souvent demandées par les travailleurs sociaux. Très souvent, la source des problèmes se situait au niveau de la dynamique familiale, c’était donc la famille qu’il fallait évaluer et traiter.

J’avais mis sur pied un groupe de formation en thérapie familiale jumelée à ce projet.  La modalité de travail retenue avait été  de conduire deux entrevues d’évaluation de familles sous observation, les entrevues avaient été réalisées face à un miroir sans tain en présence des autres participants au projet ; plusieurs entrevues avaient également été enregistrées sur vidéo.

Après 50 à 60 minutes d’entrevue, une pause de 10 à 15 minutes était proposée à la famille. Pendant cette pause les deux co – thérapeutes consultaient les autres intervenants, qui avaient observé derrière le miroir.  Lors de cette discussion, ceux – ci formulaient une hypothèse clinique qui serait soumise à la famille à leur retour de la pause.

L’objectif visé était de mettre en évidence des éléments fondamentaux du fonctionnement familial permettant de formuler une interprétation concernant le sens des symptômes ou des agirs présentés par un ou plusieurs membres de la famille.  L’hypothèse clinique représentait pour les intervenants une façon de comprendre la crise actuelle, les facteurs qui contribuaient à la perpétuation du problème, le rôle que chacun y jouait.

La deuxième portion de l’entrevue, après la pause, était très courte ( cinq à dix minutes) ; la famille devait écouter l’hypothèse, sans la discuter, mais pouvait poser des questions de clarification. Les thérapeutes leur demandaient d’y réfléchir lors de l’intervalle de deux semaines avant la prochaine entrevue.

L’hypothèse devait d’être recevable et mobilisatrice pour la famille et pour l’intervenant qui devrait poursuivre son travail auprès de celle‑ci. L’objectif était de provoquer un déséquilibre, une perturbation et, afin de ne pas dissiper le malaise que pourrait occasionner cette hypothèse, il était suggéré aux membres de la famille de ne pas discuter sur l’hypothèse, mais plutôt d’y réfléchir pendant les deux prochaines semaines.

Lors de la deuxième séance, les membres de la famille étaient invités à exprimer leurs réactions à l’égard de l’hypothèse initiale. Les intervenants et observateurs analysaient l’impact de l’hypothèse, les conséquences positives ou négatives sur chacun des membres de la famille, sur les interactions entre eux, les agirs impulsifs, la mentalisation etc.. Cette deuxième entrevue servait aussi à identifier des pistes d’intervention pour la famille ou certains de ses membres

 

J’ai publié un article, avec des collègues,  sur mon expérience en centre jeunesse ( Guay, Bergeron …2007) et un chapitre sur les familles aux prises avec un adolescent délinquant (Guay dans Lacharité et Gagnier 2009).

 

2007 GuayJ., Cyr G. etBergeron A. « La thérapie familiale en centre jeunesse : réflexions sur une pratique complexe et novatrice », Revue Québecoise de Psychologie, Vol 28, no 3, p. 171 - 185.

(2009) Guay, J.  « Les compétences des familles otages d'un adolescent délinquant" chapitre 11 dans ( Lacharité, C. et Gagnier, J-P) "Comprendre les familles pour mieux intervenir " Gaétan Morin : Montréal

Guay, J. (2008) « La motivation est- elle nécessaire à la psychothérapie ? » Psychologie Québec, vol 25, no. 5 p. 30-32

 

 

 

 

 

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